top of page

DIMANCHE BLANC

Maman, Un si joli mot dans la bouche d'un enfant. Tant d'amour et de bons sentiments. Consonnes et voyelles que je n'entends, Pour n'avoir pas eu cette chance, finalement. Ce jour, c'est la fête des mères, Bouquets odorants, fleur à la boutonnière, Un dîner sur l'herbe improvisé, un présent Une poignée d'invités, tous prêts pour un chant Honorer la mère, la mignonne maman. Ah j'aurais bien aimé donner de mon lait, Chaud, pur, goûteux, et même mon sang Pardi pour toi, que n'aurais-je pas fait Mais la vie en a décidé autrement. Incommensurables peine et tourments. Faut juste ne pas y penser indéfiniment. Le temps oeuvre et il est déjà trop tard Les années ont passé, un an, deux ans, Déjà 5 ans... J'ai un peu de mal, je m'égare. Je n'aurais pas eu ce plaisir si grand D'assister à tes premiers pas, pas de géant, Voir tes mains dessiner, apprendre à écrire, A compter, colorier, rire et courir, A l'école, le premier septembre, t'y conduire, Pas de mallette à acheter, ni de crayons de couleur, Comme j'aurais aimé te serrer sur mon coeur, Te préparer des gâteaux, soigner tes bobos, Jouer à cache-cache comme quand j'étais marmot, Je t'aurais appris à grimper dans les arbres, Construire des cabanes à même les joubarbes, A l'ombre des imposantes bottes de rhubarbe. On aurait semé des graines et des fleurs, Dans le jardin en friche, je sens déjà l'odeur Parfumer nos narines, oh quel bonheur ! Tu aurais grandi, te serais fait un tas d'amis. On aurait peut-être même agrandi la famille. Va savoir... Maman... ! Parfois, je me réveille la nuit, Et je pleure, te cherche partout, je crie Je t'appelle mais tu n'es pas là, Je vais dans ta chambre, y a juste le chat Qui ronronne à même le sofa. Ton père n'a pas supporté de m'voir comme ça, Il a préféré partir, m'laisser dans mon désarroi. On dit souvent qu'on a toujours le choix, Mais qui est-on pour se donner le droit De dire des choses aussi insensées que ça ! Ce jour, c'est la fête des mères, Je ferme les volets, je suis très amère, Les larmes perlent sous mes paupières. Je reviendrai demain, je vais me reposer, Je rêverais certainement que je t'ai bercé, Maman est un mot que je ne peux prononcer.

photo de Marylin Givry


bottom of page