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SAUVE-QUI-PEUT

Dormir Pour oublier cette journée. Tirer les rideaux, fermer les volets, Tirer un trait sur notre amitié, Puisque c'est toi qui l'as brisée. Dormir Pour occulter ce temps passé A chercher à rassembler, raccommoder Les bouts de ficelle de notre fraternité, A ramasser la vaisselle cassée, A tâcher à mettre de l'ordre Dans le désordre de nos discordes. Plonger dans un sommeil qui m'accorde Des heures de répit au son monocorde. Eteindre les non-dits, le profond ennui De nos retrouvailles, ce samedi. Fuir ce déni, faire comme si Ne m'atteindrait d'aventure ton mépris. Dans les bras de Morphée, Souiller les draps de mes larmes Lâcher prise, déposer les armes, Ne plus réfléchir, ne plus souffrir, Ne plus me souvenir, ma peine, pâlir. Me calfeutrer loin de tes ires, De tes sombres reproches, Rien que tes sons de cloche, En somme, on a loupé le coche ! Comme il t'est facile de haïr Ce que d'hier, tu étais proche, Ce que d'hier, te faisait plaisir. Que d'injustices à subir ! J'ai mieux à faire que retenir Les bribes d'une amitié en miettes. Prendre la fuite, la poudre d'escampette M'enfuir, courir à en perdre mes gambettes. M'éveiller au nouveau jour, guillerette, Ouvrir grandes portes et fenêtres, Le chant des oiseaux en fête, Taire cette méprise, cette défaite. Faire comme si On ne s'était jamais retrouvés. Claquemurer cette perte abjecte, La boucle est bouclée, Statuer sur notre sursis, Bouche cousue sur l'infect. Processus de deuil amorcé, A sang coulant, infection à soigner. Et à "coeur offrant", me tenir prête Pour de nouvelles découvertes.

D'après une photo de Cathy Osztab Borie, publiée avec son autorisation.


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