ODE A LA SOLITUDE

Mais qui s'est permis d'évoquer la déréliction Dès lors que j'me sens si bien, seule, à la maison ? Qu'on me fiche la paix ! Que cesse ce téléphone ! A présent, je veux écrire et ne voir personne.

J'suis pas mélancolique, en aucun cas nostalgique ! J'ai éteint la radio, la télé; et basta la musique ! Juste un peu de calme, surtout pas de bruit Même le café qui coule distrait mon esprit.

J'veux de la concentration ! Beaucoup d'attention, Un moment à moi. Je n'ressens pas d'abandon. Je suis si bien à mes côtés, pas de compromis, Pas de pari sur le long terme; l'absence de cris.

Ici, c'est l'paradis ! Le frigidaire est certes vide, J'irai faire les courses si j'y pense, détail qui réside De toutes ces années défuntes où mon ex-futur mari Angoissait à l'idée qu'on ne dîne qu'à minuit.

Mais qui ose encore frapper ce jour à ma porte ? Quel indiscret cloporte ? Cette curiosité m'insupporte ! Qu'on me laisse tranquille, tu permets, c'est dimanche Mon repos dominical s'invitant telle une page blanche.

On va m'traiter de misanthrope, d'jouvencelle aigrie Mais qu'en ai-je à faire de ceux qui s'ennuient, Qui passent leur temps dans des groupes d'écritures A pleurer sur leur sort, des larmes plein la figure ?

Je m'réjouis déjà d'aller prendre l'air dans ma forêt, Mes souliers fouler les terres et les battus sentiers Par des pluies d'enfer, nous sommes bien en hiver ! A quoi bon maudire c'qui est somme toute ordinaire ?

Se morfondre ! Que nenni ! Mettre à profit son temps A sang pour sang, à mille pourcents ! Bon sang ! Observer la nature, écouter le chant des oiseaux, Peindre le ciel en bleu, suffit juste de tirer les rideaux.

Et puis se laisser emporter vers l'introspection

Laisser venir à soi le sommeil digne, la relaxation, Le repos tant mérité, les aiguilles de l'horloge Se seront enfin arrêtées aux premières loges.

Penser aussi à s'faire plaisir : une brassée de fleurs, Humer le parfum des roses et des pois de senteur. Cueillir sans plus attendre le bouquet du bonheur, Et sourire à la solitude qui nous offre le meilleur.

D'après une très belle photo de Daniel Devauchelle, publiée avec son autorisation.