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LE GRAND AMOUR

Les images défilent désormais dans ma tête, Je me remémore mes rares jours de fête. Je revois mes parents et leurs maints disputes, Assister à leur pénible puéril jeu d'adultes.

Des torgnoles qui partaient à gauche à droite, Des coups portés sur la tête ou dans les pattes. J'ai choisi de partir, emporter juste une valise

Chez ma grand-mère, bien loin de leur emprise.

Prise en charge par Mickey et Blanche-Neige, Avec des copains, les batailles de boules de neige. En été, au contact des champs, des meules de foin. J'ai occulté du mieux ce dont j'avais, en fait, besoin.

Au final, j'vous rassure, je n'ai manqué de rien. J'aimais grimper dans les arbres ou cueillir les myrtilles. Je me suis demandé si j'étais né garçon ou fille Puisque j'avais au fond de moi une graine de vauriens.

Le dimanche, c'était plutôt bien, on jouait au bouchon, Avec les voisins et dans le salon, on tapait le carton. J'ai trempé mes lèvres dans le moelleux monbazillac; Tout ce temps qui passe, ça te fout d'ces claques !

Mais bon, on guérit de tout, on évolue, c'est fou. Il reste des meurtrissures cachées qui se cicatrisent Comme quand on rencontre l'amour à Venise, Notre coeur planté de houx, devient alors si doux.

Mais le grand amour, seulement, existe-t-il ? Je prierais pour peu un Dieu somme toute en péril ! Je dépose mon courroux sous son ainsi soit-il, J'espère vaincre mes doutes, trouver mon garde-fou.

Jetée en pâture sur la route des aventures, Acoquinée des barrières de mon éducation si dure Je ne sais pas quel chemin emprunter, ni où aller, Comme un soldat à la guerre dénué d'armée.

J'attends patiemment que les journées s'écoulent, J'ai perdu mes repères à en devenir maboule. Rêvé de reconnaître dans la foule, le papa poule De mes futurs enfants, tendre pigeon qui roucoule.

Car aujourd'hui et éternellement, j'ai vingt ans ♫ ♬ ♪ ♩ Je le sens dans mes artères, au creux de mes sentiments. J'esquive des pas de danse, mon coeur bat la chamade, Dès lors qu'hier, j'étais planquée au sein d'une embuscade.

Enfin, je ne sais plus, j'avoue, je perds les pédales, Semblable à une rose exposée au vent et dont les pétales Ont décanillé ou se sont simplement fait la malle Pour un voyage dans un lieu secret où s'aiment les étoiles.

J'ai bien compris que mon récit n'a rien d'extraordinaire. Il y a certains mots que je dois bannir de mon vocabulaire. Juste saluer avec tendresse et reconnaissance mes aïeux, Ceux qui ont toujours, je suppose, fait de leur mieux.

Le grand amour demeure le sujet phare de cette réflexion. Jadis, je me rappelle que, même dans la cour de récréation, Durant des heures, je rédigeais moult dissertations Si seule, mon crayon à la main en point d'interrogation.

Trente ans ont passé, voire peut-être davantage, Je vous confesse en toute sincérité que je n'ai plus d'âge. Plus je mûris, plus je rajeunis, car je réapprends de la vie Les premières étapes qu'autrefois, j'ai trop vite franchies.

Alors je me raisonne et je me dis que le grand amour M'attend quelque part, telle la nuit s'offre au nouveau jour.

D'après une très belle photo de Jean-Christian David, publiée avec son autorisation.


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