EXALTATION

J'admire les petites gens qui s'aiment De feu, de flammes et non de tiédeur. Cette route où par milliers ils sèment Des graines d'amour, d'humaine chaleur.

J'admire mes condisciples à la belle humeur, Pléthore de stéréotypes qui se lèvent de bonheur, Ceux qui n'attendent du printemps, de l'hiver Qu'aucun nouveau jour ne ressemble à hier.

J'admire les passionnés, les tendres rêveurs Ceux qui n'accrochent à aucune terrifiante douleur Le passé rangé dans des tiroirs, fermés à clef. Juste avoir à l'idée d'apprendre et d'avancer.

J'admire les illusions même si elles nous font du mal Parce qu'au fond de nous, nous tendons vers un idéal, Notre univers à nous, celui qu'après tout on défend Même si on sait qu'on à tort, à soi, résolument, on ment.

J'admire les êtres qui revendiquent leurs opinions, Ceux qui osent mettre à la lumière révoltes et rebellions, Trouvent la force de dire non là où les autres disent oui, Se réveillent la nuit pour pousser un cri et ignorent l'ennui.

J'admire les âmes impures, les parjures, les blessures Parce que grâce à eux, nous ne sommes pas nés pour rien. Les différences, les égratignures, la souffrance, les injures, Ce qui est hideux dans ce monde déshumanisé de terriens.

J'admire les peuples qui ont des choses à dire, à maudire, A médire; ces esprits libres qui s'évadent dans des livres, Rêvent à longueur de journées, dès lors que certains s'enivrent. Comme on peut être bien au pied d'un arbre, à ne pas réfléchir...

J'admire les penseurs, mais aussi ceux qui ne font rien, Les minutes qui s'égrènent au fil de la sagesse, un lendemain En liesse se préparant soudain. Mais comment deviner Ce qui adviendra plus tard, le saura-t-on réellement jamais ?

J'admire ce qui révèle, émerveille, interpelle et éveille, Eteint la stupidité, la médiocrité, la jalousie, l'envie, Tous ces sentiments désordonnés qui s'obstinent A apporter à la vie un parfum d'exaltation sans synonyme.

La photo est de Francis Beddok, publiée avec son autorisation.