DONT ACTE !

Elle en avait juste sa paire de claques Jusqu'à s'en échapper, in fine, patraque Pire qu'un sac de patates écrabouillé De les flatter, les commenter, les liker !

Son choix a été illico celui de larguer Les amarres, loin de leur tintamarre. Prendre du recul, un nouveau départ Et tant pis pour les âmes chagrinées.

Après tout, c'est sa vie, c'est son droit Des êtres aux abois, aller à contre-courant, De contourner de facebook ses diktats, Ravie d'avoir pour elle, un peu de temps.

Apprivoisé avec courage et force sa solitude, Y avoir trouvé grâce, sagesse et quiétude. A l'opposé d'un château de cartes qui s'abat Où l'ego se décline en valets de pique à rois.

Durant des heures, elle lit, elle contemple, Les saisons qui défilent, février qui tremble. S'extasie des aubes claires où la lumière Fait reluire les prés givrés sous l'hiver.

Enfin, elle déambule dans une immense bulle Où flottent inlassablement des rubans De couleurs, de rires d'or et d'argent Qu'elle a imaginés tel un léger voile en tulle.

En apesanteur, elle se défend de revenir, Se poser parmi eux, à son péril, se souvenir, De ce qu'elle a laissé en otage, juste avancer Dénuée de bagage, en tête à tête avec sa destinée.

Elle chérit sa liberté à l'arrachée retrouvée. Les barrières de la bienséance sont tombées ! Ses lecteurs sont partis, se sont évaporés. Enfin elle renaît, elle revit, parvient à respirer.

Elle étouffait dans sa prison dorée, asphyxiée A devoir se justifier, a levé ce loquet en acier A brisé le cadenas qui la retenait esclave, Prise de conscience à quel point ces entraves

La gardaient prisonnière. A pas de course, elle a fui Cette oppression qui, obscurément, la tenaillait. A recouvré la vue, la mémoire, l'odorat et l'ouïe Tout ce qui, jadis l'émerveillait, la tenait éveillée.

Au petit matin, il n'y a plus eu d'horaire, de réveil. Les aiguilles de l'horloge s'étaient fait la malle. Comme un air de vacances qui honore l'éveil Un môme qui a cessé de courir après une balle.

Et eux, ils sont là à lui envoyer des messages, Auxquels elle ne répondra pas. La bitte d'amarrage A cédé sous le poids de leur autosatisfaction. Elle a quitté le réseau en clins d'yeux : autodérision.

D'après une belle photo de Loïc Douessin, publiée avec son autorisation.