top of page

CENT ANS

Moi, j'veux vivre centenaire, Passer d'une dizaine à un siècle Tout en gardant mon p'tit air espiègle. Voir ma peau distendue se décatir, Mes cheveux commencer à blanchir, Un rythme lent en guise d'avenir. Perdre mes dents, mes amants, Ce qui ne dure, en fait qu'un temps. Les premières courbatures, ressentir, Cesser de plaire et de courir. J'veux échapper aux séismes, Aux inondations, aux cataclysmes, Aux tremblements de terre, aux ouragans, Traverser le ciel tel un oiseau vers le néant. Et apprendre. Chercher à comprendre, En aucun cas, ne jamais rien attendre De qui que ce soit. Simplement prendre Un peu plus de temps pour moi. J'veux rencontrer des indigènes, Dire à tous ce que je pense, sans gêne ! A certains, déclarer que je les aime Récolter ce qu'en une vie, l'on sème. Aller à la découverte d'autres cultures, De rites, de coutumes, d'éclats de joie, Prendre la route de belles aventures, Délaisser mes terres, me déraciner Afin d'observer de quoi le monde est fait. Déployer mes ailes ! Faire briller le soleil, Côtoyer mes pairs, semblable à nul autre pareil. J'veux pas m'embarrasser de funérailles, J'avoue qu'un caveau d'herbes et de paille Fera très bien l'affaire, bien loin des batailles. J'veux pas de prières, ni d'visites au cimetière. Adieu le notaire ! J'ne ferai pas de testament, De toute manière, je n'ai ni parents, ni enfants. Un bouquet de fleurs ? Cela ne me tente guère Quoique leur parfum pourrait bien me plaire. J'veux vivre centenaire en pleine lumière, Des stries sous les yeux, ridées mes paupières, Les veines bleues de mes mains décharnées Dont le sang a coulé telles des larmes amères. Mettre en bière Trump, la misère et les guerres. J'pourrais alors partir gaiement l'âme en paix, Un digne sourire affiché sur mes lèvres Et vous emporter dans le flot de mes rêves Jusqu'à atteindre la voie lactée ♫ ♬ ♪ ♩ ♭ ♪

D'après une très belle et symbolique de Laurence Chabalier, publiée avec son aimable autorisation.


bottom of page