L'HORLOGE DU TEMPS
- florencequoilin18
- 16 déc. 2017
- 4 min de lecture
4 heures du matin, Je ne sais plus dormir ! Je me retourne sans cesse. Je cherche en vain tes mains, La douceur de tes caresses, L'ivresse de nos nuits de plaisir.
5 heures du matin, J'entends claquer sur les volets Le vent en rafales; la rue est désertée. La pluie se fracasse sur les pavés. Avec tumulte. Je me lève enfin. J'prendrais bien le premier train.
6 heures du matin, Je barbote dans mon bain Première tasse de café. Le monde semble éteint. Je m'endors, soudain. Le réveille-matin se met à sonner.
7 heures du matin, Un peu de blush sur les joues, Un trait de crayon; j'fais la moue. Des poches sous les yeux fatigués. Finalement, si je restais Sagement à la maison, me reposer ?
8 heures du matin, Je pose le pull-over sur mon dos, En ouvrant la porte, un souffle chaud ! La lumière est belle en ce jour de juin, Je me demande encore bien Si je n'irais pas m'rouler dans le foin.
9 heures du matin, Je vois défiler le paysage dans le train. Sur la banquette d'à côté, Des enfants tapent dans leurs mains, Fredonnent des airs d'autrefois, Accompagnés par leur parrain Ils respirent de la vie, la joie.
10 heures du matin, Je me retrouve face à la mer, La digue paraît abandonnée, Livrée à elle-même, tout à sa beauté. Les vagues s'enroulent, amères Je scrute le ciel d'un oeil distrait.
11 heures du matin, Je me balade gaiement, chantonnant, Les mains dans les poches, sifflotant. Les premiers rayons du soleil Apparaissent. Quelle merveille ! Mes pas épousent du sable, les grains.
12 heures au compteur Mon corps se prélasse sans pudeur Nu, à l'abri des regards égrillards Dans des dunes infinies. La chaleur Dore ma peau. Mon esprit s'égare. Je me souviens de ton départ.
13 heures, les gens affluent. Je rhabille ma chair dévêtue. Pourquoi es-tu parti, m'as-tu laissée ? Qu'aurais-je pu faire, que n'ai-je pas fait ? Faire de mon mieux n'aurait pas suffi, Décidément, partout tu me suis...
14 heures. Il commence à faire chaud. Aller prendre un verre en terrasse. La foule qui s'amasse, jacasse. Leurs bavardages m'agacent, me lassent. J'ai vraiment trop soif, un maître pierre. Les glaçons s'entrechoquent dans le verre.
15 heures. Sous le parasol, Je savoure mon dessert; il me console De ton abandon; t'es pire qu'un démon ! Les premières nuitées, j'dormais dans le salon Ne plus sentir ton odeur, ton parfum; Me faire à l'idée de n'être plus qu'un.
16 heures. Je défie l'horizon. Où es-tu ? As-tu refait ta vie ? Mon coeur en pelote est en prison Je te revois, mon pote, qui me souris. Si tu changeais ta décision ? Je t'attendrais, au pied du lit.
17 heures. De toi, je me languis Tel un chien fidèle, trop bien appris. J'les entends déjà, d'ici, mes amis Me secouer, me faire entendre raison Me ramener sur le droit chemin, Devenir la gardienne de mon destin.
18 heures. Je contemple ce temple De frénésie humaine, les petiots Bâtissant sur le sable, des châteaux, Narguant l'écume, tous ensemble. Leurs cris, leur sourire affiché, Sont heureux, c'est beau à regarder.
19 heures. J'ai faim !
Tout compte fait, si j'allais dîner ? Je cherche un endroit assez discret. Pousse la porte d'un estaminet La carte affiche un menu divin J'opte pour une moule, un p'tit muscadet.
20 heures. Il est temps de retourner J'entre dans la gare, le train est à quai. Je cherche longtemps après mon billet. Le contrôleur me salue, c'est Sacha ! Ca alors ! A lui, je n'aurais jamais pensé ! Il me reconnaît, me blottit dans ses bras.
21 heures. Numéros de téléphone échangés. Va-t-on se revoir ? Amour de jeunesse. Quel âge avais-je déjà ? Mon âme est en liesse. Tout me revient en mémoire. J'étais sa déesse. Curieuse rencontre, il m'a laissé son adresse Sur un bout de papier légèrement corné.
22 heures. Je rentre à la maison. Je retire mes chaussures, pose mon baluchon. Il me paraît loin le Bassin d'Arcachon. Finalement, ce fût une agréable journée, Eloignée de mes habitudes, ma solitude ancrée. J'aurais bien tort de n'pas y retourner.
23 heures. Les grains de sable dans la douche. Mes pieds en sont imbibés, par touches. Une senteur de coco, un arôme délicat, Dont je me pourlécherais les doigts. Je songe à Sacha. Est-ce qu'il m'appellera ? On pourrait demain, aller au cinéma.
24 heures. Oups, quelle chaleur ! Dans la chambre, j'ouvre la fenêtre. Ta frêle silhouette pourrait apparaître. Mais non, enfin, suis-je bête ? Ai-je perdu la tête ? Je m'entête ! Il est temps de dormir, il est plus que l'heure.
1 heure du matin. Je m'endors. Enfin ! Je respire fort, je dors. Je suppose, à tout le moins. Je me glisse dans les draps de satin, Les bras de Morphée m'adorent Je suis flattée qu'un Dieu me dévore :)
2 heures du matin. Je rêve. Le cycle infernal s'achève. Tout tourne au ralenti, une trêve. Une horde de chevaux sauvages Se mettent à courir sur la plage ! Là où des paquebots ont fait naufrage.
3 heures du matin. Je galope. Dans des cauchemars qui sabordent Mon repos pourtant tant convoité. Je sue à grosses gouttes, Je vais me lever, reprendre la route. Quitter le navire, et tout oublier.
D'après une de mes photos (texte romancé).
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