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VOILA, C'EST FINI

Ce matin, tout me semble infiniment petit. Comment décrire ce qui ne fait pas de bruit. Ce vide, ce blanc, cet obscur brouillard. Mon esprit fuit sous l'oeil du corbillard.

Le décor est figé, d'une froideur creuse. Tandis qu'hier, j'étais encore heureuse. Tu es parti, les arbres sont dépouillés, Ils n'ont plus que leurs larmes pour pleurer.

La mort ne laisse pas de traces, paraît-il. Je me sens plus lasse qu'un soir d'avril. Dans ma confession, j'ai à coeur à t'emmener. Oh seigneur, tu vas cruellement me manquer.

Je me revois déposer au pied du cercueil Un bouquet de roses digne d'un recueil, Une carte de visite, une accolade à tes proches Et dire que ce ne fût qu'une dernière approche !

Mais que leur dire ? Que je t'appréciais ! Que je savourais notre sacro-sainte complicité ! Ils ne le savaient même pas. J'ai trahi nos liens Alors que j'effleurais le velours de leurs mains.

J'ai pris dans tes bras ta jeune et jolie fille, Fleur aussi fragile qu'une frêle brindille. J'ai réconforté madame, lui ai fait la bise La veuve éplorée aux paroles exquises.

Elle t'honorait; nous étions deux. Les pleurs auraient pu couler de nos yeux Mais ton portrait posé à même le bois Nous a entre-temps emplies de joie.

Ton sourire, ton aura, ta présence, Tout ce que tu nous as apporté en silence. Ce qui n'apparaît pas, au fil de notre pudeur Pèse aussi lourd que nos vraies valeurs.

Je dois m'esquiver. Je promets, je reviendrai Me recueillir sur tes cendres. Je t'attendrai. J'espère entendre ta voix. Tape sur mon épaule N'hésite surtout pas à ce que nos peaux se frôlent.

D'après une très belle photo de Loïc Douessin publiée avec son autorisation.


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