LE SAGE

Quel bien heureux homme Est celui qui voyage ! Dans sa tête, tout un royaume Intemporel, silencieux, sans âge.

Libre comme un oiseau de passage. Exempt de but, dénué de bagage, Aussi léger que le souffle du vent, Couvrant l'aventure de ses yeux d'enfant.

S'émerveille, ses sens en alerte, Des beautés de la nature sauvage, S'enrichit des autres, de leur langage Et s'égare au fil de ses découvertes.

Le pèlerin ne court jamais à sa perte. Il observe, saisit la balle au bond. Ne perd des instants capturés aucune miette. Sa sagesse s'élève sur sa ligne d'horizon.

Il combat la crainte, l'appréhension, la peur, A à coeur d'apprivoiser l'ivresse du bonheur. Intrépide, un brin rêveur, un tantinet bohème, A la quête de chaque graine d'amour qu'il sème.

Joyeux luron prêt à partir, à larguer les amarres, Ne se pose aucune question, n'attend rien. Partout, il se sent chez lui. Seuls son regard Et son audace le poussent à aller toujours plus loin.

Quelles que soient les saisons, le temps qui passe, Ce quidam traverse les ponts, se faufile dans l'espace. Sa curiosité saine l'anime et le transporte Là, où jadis, se fermaient devant lui fenêtres et portes.

Bien heureux homme que celui qui, infiniment, respire Le même air que ses pairs, tandis que tout l'inspire. Se plaît en ville, à la campagne, en bord de mer, Dans les quartiers riches ou teintés de misère.

Ne marque pas la différence. Ne connaît la souffrance. Reste humble, empathique, au mépris des absences. Fidèle à lui-même, déambulant le sourire aux lèvres, Avide d'espérances, éternellement habité de ses rêves.

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D'après une de mes photos.