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LE MANIPULATEUR

  • florencequoilin18
  • 20 sept. 2017
  • 3 min de lecture

LE MANIPULATEUR

J'ai pris un peu de rides dans le visage, Des pattes d'oies y ont fait naufrage. Mais cela ne me met pas en rage. Je suis juste un peu moins séduisant. J'exhibe mes premiers cheveux blancs. Mais bon, je suis un comédien de talent. J'ai pris du bide par la même occasion Car je n'ai pas toujours prêté attention Aux plaisirs de multiples tentations. On peut s'accrocher à mes poignées d'amour Malheureusement, trop de graisse autour. Mais bon, si on m'aime, on me tolère, Je n'ai plus, à mon âge, ce désir de plaire. De toute manière, je suis un manipulateur ! Je le scande haut et fort : un blablateur ! Je brise les rêves des femmes fragiles. Je suis une terre constamment en exil. Je suis dénué de règles et de lois. Je me considère tel un maître, un roi. J'ai mal à mes articulations ! Cela craque de partout, Je me pose un tas de questions. Pas assez de sport; je dois être partout ! Je ne prends le temps pour rien. Sauf, parfois, courir le guilledou. C'est si tentant d'avoir encore vingt ans Même que j'en rêve, de temps en temps. Leur peau est si soyeuse, tel du velours. En plus, elles appellent ça "faire l'amour". Puisqu'elles y croient, je suis leur vautour ! Je les vampirise, les maîtrise et les brise. Je leur ai promis monts et merveilles. Alors que pour moi, elles sont toutes pareilles. Tandis qu'apparaissent mes premiers chicots, Que mes fesses creuses s'affaissent, Mes mains, délibérément, les délaissent, Elles se rebellent, me blessent. N'avait-on pas conclu un contrat ? Quand je pourrai, où me suivront mes pas ! Elles n'ont pas droit au chapitre. C'est moi qui décide, en libre-arbitre ! Je viendrai quand je veux, Je ferai ce que je peux ! La lumière dans leurs yeux, Je ne veux même pas l'entre-apercevoir ! Elles n'ont ni âme, ni regard. Pour peu, elles feraient le trottoir ! Je ne leur donne aucun espoir. Qu'elles ne puissent jamais Se regarder dans un miroir. Elles sont mes jouets, mes objets, Je suis le proxénète de notre histoire. Mais qui a parlé de sentiments ? Je ne comprends pas ces boniments ! Je suis un bon père de famille Je n'ai rien à me reprocher ! J'entretiens ma maison, promène mon chien Même que je suis pote avec mes voisins. Il ne manque pas grand chose, sinon rien. Je pars en vacances voir mes cousins. Sauf que toi, la proie, faut pas t'accrocher ! Tu n'es qu'un numéro de téléphone, Huit chiffres qui s'affichent, Sur le clavier d'un homme qui triche. De mon existence, une simple autochtone Comme on en rencontre partout. Dans les gares, les couloirs des fous. Je me souviens d'avoir été chez elle, De l'avoir courtisée, elle était si belle. Je lui ai dit les mots qu'elle voulait entendre. Elle était caressante et si tendre. Je l'ai embrassée avec volupté, L'ai couverte d'or et de bravos Elle y a cru si fort, à mes baisers. Alors que je dépeçais son cerveau. Elle n'y a vu que du feu, Prise au piège de mon jeu joyeux. Je m'amusais bien de trop ! Je me sentais vivant. J'étais Dieu ! Un bel orateur, un être merveilleux. Mais bon, je l'ai laissée tomber. Elle n'était que poussières, Un fruit un tantinet amer, Une infirmière en mal d'aimer. J'ai deviné sa colère, sa peine, Sa détresse, son ire, sa haine. Va savoir ! Je suis parti très loin. Peu m'importe son désespoir, son chagrin Car, en somme, je suis un sagouin, Un traître, un margoulin, La laideur des faubourgs Que les villes encerclent, entourent. Où la petitesse d'esprit Rit aux éclats au sein de mon déni. Je suis hideur ! Je suis malheur ! Un triste sire, un piètre manipulateur.

D'après une photo d'Antonio Grégori.


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