LES APPARENCES TROMPEUSES

Derrière leur si belle humeur, Se cachent moult silences, Un sourire affiché Occultant mille souffrances. Ces visages rieurs, Un brin séducteurs Ne sont que des murs d'errance. Des hommes qui passent, Tout feu, tout flamme. Et tant de drames Qui les heurtent, les terrassent. Des solitudes aux aguets, Des bras en croix, Des projets à l'arrêt, Des rêves en souhaits Qui ne naîtront jamais. De faibles promesses, Des désirs inavoués Des êtres sans adresse. Se taire, s'éclipser Faire comme si On ne pouvait exister. C'est dur à en crever. Encaisser, rester fort, Et digne; ne pas plier Sous le poids de l'effort. Courber l'échine, Ne pas s'épancher. Ne plus toucher terre, Oter de notre coeur l'épine Qui nous infecte. Ne pas exhiber Ce qui nous affecte. Etre inanimé, Désarticulé Tel un pantin abject. Faire fi des sentiments, Afficher un rictus, Un mensonge de plus, Faire semblant. Rire aux éclats Alors qu'on se bat Semblable à un soldat Dans un combat amer. Ne pas faiblir, Car on a ce désir De toujours plaire ! Ne pas décevoir Rien ne doit transparaître, Rien ne peut se savoir. Quel pire scandale Dans les dédales De notre société Que de faire un pas de côté ? Ne pas courir à sa perte En avouant ses faiblesses. Toujours satisfaire la curiosité, Briller, époustoufler Alors qu'en somme, On a juste envie de s'effacer Là où les gommes Ont été inventées Pour les écoliers ! Y en a certains qui cherchent Une feuille de papier : Allumer une flammèche Et voir partir en fumée, Ce recueil de vérité. Ceux qui n'ont pas saisi La portée de ces vers Seront exempts De brûler en enfer ! Prenez bien le temps De relire à tête reposée Ce que d'hier Vous n'avez point compris. J'ose et j'espère Que nous nous retrouverons Tels de joyeux lurons, Un beau jour, au paradis Loin de cette terre d'asile Où mon âme en exil Cherche en vain la lumière.

D'après une très belle photo de Stéphane Peignaux, publiée avec son autorisation