SUR LA ROUTE

Pour certains, elle sera longue, Pour d'autres, plus courte, Mais depuis que le monde est monde Elle sera bordée de courbes, De chagrins et de doutes. Sinueuse, lisse, ennuyeuse, Ou riche d'échappées heureuses, Agrémentée de tournants Autant que d'éventuels tourments. Dans ce berceau qui nous accueille L'on ignore encore s'il sera garni D'orties, d'or voire même d'écueils. Au lever de notre existence On apprend d'abord à marcher, A parler, à lier connaissance Puis à connaître d'autres langages, A frayer des êtres de passage. C'est l'apprentissage de la vie. Très tôt, les premières déceptions, Les devoirs et les leçons. Les notions élémentaires Loin des conseils de la mère nourricière : Le bien et le mal, Entre l'humain et l'animal. Se battre dans la cour de récréation, Rire aux éclats dans les parcs d'attraction. Tisser des liens d'affection. Certains ont la chance d'aller à l'école, De ne pas devoir demander l'obole. De si nombreux connaîtront la misère, La famine, les bombes et la guerre. Les routes semées de cailloux, de pierres Là leurs aïeux brûlent toujours en enfer. La plupart liront dans les étoiles, Admireront les campagnes, les voiles, Les plaines, les vagues, la terre, Les murs où se reflète la lumière. Mais nous avons tous en commun Le fait que, sur notre chemin, Nous rencontrons quelques-uns Qui changent le cours de notre destinée Et nous portent vers un nouveau lendemain. Il y en a certains qui passent comme des chiens, Des chiens galeux, errants, des bons à rien. Puis il y a des minutes insoupçonnées Qui semblent s'étirer sur des années. Des instants magiques où tout brille, Que même et surtout, on en oublie Toutes ces meurtrissures du passé. Se croisent sur ce carrefour animé Les premiers béguins, dame passion, La tendresse, l'allégresse, la pâmoison Les trahisons, les coeurs en berne, La tristesse et son chapelet de peines. Mais si on sait bien y regarder, On y dénichera un magnifique verger Là où l'on aura semé les meilleures graines Qui se seront mises à germer. Et l'amour apparaîtra, juste à côté. On y découvrira aussi l'amitié, Le courage face à l'adversité, La joie de vivre et la félicité. Car la vie est faite de ces moments-là. Un petit grain de folie viendra s'inviter, C'est tout le bien que j'ose vous souhaiter. Faut juste pousser dehors la curiosité Si elle n'est pas sainement alimentée. Puis ne pas laisser entrer ceux Qui brisent nos rêves, désireux De les réduire en miettes. Ne pas nourrir de nos assiettes Les badauds, les rats, les envieux. Dans les lignes de nos mains, Apparaîtront des projets, des voyages, Au mépris d'innombrables mirages. Il faudra les mener à bien Pour ne rien regretter. Car demain, On ne sait pas de quoi, il sera fait. Et pour mieux avancer, Ne surtout pas s'encombrer. L'oeil observateur, contemplateur. Ne pas regarder le compteur, Juste s'accrocher et ne jamais renoncer. Malgré les embûches, les craintes, Les plaintes, les complaintes, Les larmes, les cris, les erreurs, Car devant nous, le meilleur Nous attend, tel un ami, un allié. Toujours croire en soi, Garder confiance, s'affirmer Jusqu'à défier les règles et les lois. Sur la route, il ne faut pas oublier Que le temps se met à changer. Personne n'est à l'abri de giboulées, D'orages, d'intempéries, d'écrans de fumée. Grandissons ensemble, mûrissons Au fil de ces merveilleuses saisons Qui défilent le long de la route enchantée.

D'après une de mes photos.