SOLILOQUE

"Mon coeur de cloques n'est plus un port d'attache Vous ne m'en voudrez pas si je ne réponds pas aux messages. Aussi je n'ouvre plus la boîte aux lettres, ni les enveloppes, Et au détour de votre regard, je me détache, je me dérobe. Loin s'en faut que le temps me manque mais je développe Un syndrome dont je tairais le nom. Simplement laissez-moi. Je n'ai envie de voir personne. De ne plus décrocher le téléphone. De tirer les tentures, de fermer les volets et les pots de confiture. Les feux de la rampe ont cessé de briller. Désormais Je sollicite votre indulgence, une once de patience, Un tantinet de bienveillance. Ma douce alcôve s'impatiente De recueillir mes courbes, de taire mes absences. J'ai hâte de rêver à un sommeil prometteur, de me poser Parmi les choses et placer entre parenthèses ma prose. Je cueille le lys qui se dresse, je hume le parfum de la rose Le silence s'obstine à m'éclabousser d'airs de sinistrose. Ne prenez pas de mes nouvelles, je suis devenue mienne. Je vais bien, je vais mal, peu m'importe si je suis indolente. Je sais que malgré cette souffrance, je suis encore vivante".

D'après une oeuvre de Carole Auchet.