NEURASTHENIE
- florencequoilin18
- 13 mai 2017
- 2 min de lecture
Il se traîne l'hiver comme un homme de la campagne en ville. Il s'étire comme un maître de satyre, il geint, il pleure Comme les grands arbres qui s'épanchent le long de la rivière. Il se distille dans le creux du silence et des brumes, S'installe et éteint les plaines et les collines. Il déambule, l'hiver, emportant avec lui son cortège De déluges, de bourrasques, de neige et de grésil, Recouvrant tout l'espace de son manteau de suie. Il est hideux, crayonneux, misérable, méprisable, Et lorsque les dernières feuilles mortes claquent Et épousent en surface l'eau des flaques, C'est toute la misère du monde qu'il parsème De sa miséricorde suprême. Il n'y a pas de seuils en hiver, Pas de badauds sur les bancs publics, Pas de conciliabules entre les voisins, Pas d'enfants dans les rues et si peu de jeux. L'averse lave les pavés de toutes leurs souillures, Son morne visage sombre dans ses éclaboussures. Ce qu'il faut d'une éclaircie ou du chant d'un oiseau Pour peindre un si beau tableau, C'est dans l'attente persistante du printemps Qu'elle se dessine, obstinément. Il se pâme, l'hiver de nos candélabres instables, Posés à même la table, où chaque convive Semble avoir perdu sa joie de vivre, au préalable. L'hiver se réjouit des heures perdues, des rues obscures Où rejaillissent les reflets des perles de pluie assidues. Au mépris de mon regard, je plante le décor, Tous ces arbres morts, qui ploient sous le poids de l'ennui, Et ces branches qui crèvent dans le désir inouï D'espérer un jour, le retour d'une éclaircie. Une barque s'est échouée le long du Ravel, Sous une guirlande de glace et de givre argenté Je la contemple, elle est ravissante et belle. Les crocus, désormais, peignent les champs Et d'une note de gaieté, je me mets à rêver Que le printemps, enfin, s'y est invité.
D'après une de mes photos.
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