C'EST LE PRINTEMPS ♫ ♬ ♪ ♩ ♭

On dirait un jour de vacances, Il fait si beau, le soleil danse Dans les arbres en fleurs. Quel ineffable bonheur ! Il y a comme dans l'air Un parfum de nonchalance. Savourons ces instants : Le gazouillis des oiseaux, Le linge pend sur le fil, Les bourdons bourdonnent, Je ramasse les fraises du verger. Je me pose sur le transat. Je prépare les premières confitures. J'ai envie de repeindre les murs. Viens, je t'emmène en voyage, Emporte juste le pique-nique, Partons rejoindre la barque esseulée Afin d'y passer une douce soirée. Nous dormirons à la belle étoile, Nous nous lèverons de bon matin Pour y recueillir l'ail des ours, Nous sortirons les marmites En vue d'y accueillir une soupe aux orties. Nous grimperons dans les arbres, Nous décorerons la cabane Qui traîne au fond du jardin, Nous allumerons les lanternes Et poserons à même les branches Des arbustes, des lampions. Alors que les poules couvent, Que les boutons des roses s'ouvrent, Je me réjouis déjà du jour d'après. Bientôt les fenaisons apparaîtront, Les coquelicots et les épis de maïs Pareront les champs de leurs apparats. J'y croiserai peut-être un vieux rat Se faufilant dans les stries du blé naissant. S'inviteront aussi les vilaines guêpes, Celles que l'on fuit à perpète, Les papillons aux ailes déployées, Les couchers de soleil enflammé, Les vastes plaines courbaturées Battues par le vent du Sud. Je me ravis d'avance de nos solitudes. J'entends déjà craquer le premier orage, Sonner le glas et faire ombrage A nos doucereux émois. Tandis que les éclairs déchirent le ciel, J'imagine nos ombres se balancer Dans un monde transparent, irréel Que nous aurions, pour nous, inventé, Où nous pourrions nous aimer tendrement, Nous envelopper de baisers de miel, Taire nos absences, nos douleurs passées. On y ferait la fête jusqu'à l'aube, On y réciterait des vers en alexandrins, Et danserons la carmagnole. Sauf que nous ne sommes que deux. Ce n'est pas grave, nous improviserons, Il y aura toujours bien un elfe, un lutin, Un gai luron, un pauvre vieux. Mais... Je sais une chose : nous serons heureux Car... C'est le printemps ♫ ♬ ♪ ♩ ♭ "

D'après une magnifique photo de Denis Chaussende, publiée avec son autorisation.