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LE REGARD DES AUTRES

  • florencequoilin18
  • 30 avr. 2017
  • 2 min de lecture

"Il me pesait, m'abrutissait, votre regard Posé sur moi, au gré du hasard. Au fait, que saviez-vous de moi ? M'aviez-vous déjà blottie dans vos bras ? Aviez-vous lu le chagrin dans mes yeux, Le gris du ciel qui se teinte d'adieux ? J'en avais assez de vous écouter Jacasser, bavasser, flatter votre ego Vous étiez de l'or, la bravoure des héros. J'avais mieux à faire : colorer mes envies De champs de colza, vivre ma vie, Immortaliser l'instant présent, animé De mille senteurs hors du temps. Je sais, j'étais une bohémienne, Si peu fréquentable et non affable, Qui, de son présent, inventait des fables. Je rêvais de feindre ce qui n'existe pas, De retenir l'attention des vivants. J'étais lasse de m'éteindre. D'attendre dans la crainte, vos pas Crisser sur le gravier de la cour. Même que le jardin se souvient De vos roses rouges me faisant l'amour. Je ne savais plus croire en mon destin. Il n'y avait somme toute plus de lendemains. Le ciel crevait mes errances de tambours De plus en plus lointains et sourds. J'avais froid dès le matin, je m'endormais tard Je ne savais plus qui j'étais, toujours en retard. Dans mon coeur, il faisait toujours noir. Marre de poser sur mes paupières, le fard, La robe de tulle, les chaussures de vair, La coiffe parfaite. Alors que mon teint blafard Etait à cent mille lieux de gagner votre conquête. Je semais sur mon chemin des paillettes Tel le petit Poucet, des cailloux en défaite. Juste que je ne voulais pas finir dans un trou ! Alors, je vous listais mes dernières volontés : J'aimais bien les cimetières et la terre, Leur atmosphère, et non la fièvre de l'Enfer ! Faire brûler mes os et mes oripeaux, Non merci ! Ou alors vous y mettriez le prix ! Je ne suis pas née d'aujourd'hui Et les vers de terre, je les trouvais plutôt beaux. J'aimais la compagnie, donc aucun souci. Pas besoin d'épitaphe ni de paraphe. Quand j'étais gosse, j'avais été punie Mais je faisais toujours gaffe A ne pas finir vêtue du pire habit. Quand je m'en suis allée de l'autre côté, J'ai vu sur vos joues une larme, perler. J'ai ressenti de la peine de vous abandonner. Puis ont eu lieu la messe et son cortège, Les chants de liesse, le vin, la neige Je ne sais plus très bien. C'était en hiver. J'ai bien perçu des rires, même si c'était hier. Vous avez mangé la tarte, bu l'Irish coffee, Pour peu, vous auriez fait la fête, Dansé sur les tables, tiré des plans sur la comète ! Enfin voilà... Je vous vois, aux abois ! Assis sur le marbre A ternir mon image de vos palabres. Mon dernier héritage en guise voyage ? Je vous rassure : vous ne manquerez de rien. Ne perdez pas votre temps à joindre vos mains Sur ma tombe, pauvres malandrins ! Car je préfère l'herbe sauvage au mauvais grain."

D'après une de mes photos, prise aujourd'hui


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