LE FRUIT DEFENDU

"Bien le bon soir au vieux jeune homme A celui qui me guette, qui, au détour des soirs Rouges aux teintes de mercurochrome Joue au trouble-fête, tel un ignoble gnome. Subrepticement, mon ombre se dégomme Sous le mépris du spectre de ton fantôme. Tombe les masques, estampe de noir les espoirs. Voguent à l'âme les funestes symptômes De tes embruns en esquisses de barques échouées. Je souille le billet écorné de mon sang monochrome. Lacérant au passage le papier peint terni Et de mes griffes ignivomes, je brûle le royaume D'hébétudes difformes et de crève-coeur en oubli Bardés de pitoyables diplômes. Laissons pour compte les tristes sires, Les fanfarons, les dévoyés et pince-sans-rire. Buvons jusqu'à la lie le rogomme, Trempons nos lèvres acides dans cet alcool, Prenons garde aux réveils qui assomment Mais en toutes circonstances, de ce que l'on consomme Soyons tel qui s'efface sous la gomme Un pépin de mystère sous la chair de la pomme".

D'après une photo de Marc de Martin.