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VACANCES AU SOLEIL

Sa référence musicale était la Tosca de Puccini. En aucune manière, elle n'aurait eu l'outrecuidance de se faire passer pour Flora Tosca dont la jalousie maladive aurait pu décimer une armée entière et nous étions bien loin du Tibre... ! Tout cela pour planter le décor ! :) Au menu du jour : un brin d'humour, une once de fantaisie, le tout saupoudré d'une imagination débordante, d'un petit grain de folie agrémenté d'un tantinet de malice. Inlassablement, elle songeait à ses prochaines vacances. Elle avait réservé son petit séjour Bordelais mais alors que Jacques et elle se baladaient au Parc de la Boverie, Jacques l'interrogeait. Lui : "Quand pars-tu encore ?" Elle : "A la fin juillet" Et lui de lui rétorquer en raclant sa gorge bruyamment : "et nous deux, alors ? Nous ne partirons donc nulle part ?" Elle : "peut-être un jour, mon amour...." Lui : "tu rêves de l'Asie, mon petit chat mais ce sera sans moi". Elle : "d'accord, mon trésor, alors ce sera à la mer, puisque tu aimes le bruit des vagues, le mouvement du ressac, les plages sauvages, t'imprégner des embruns, admirer les cerfs-volants qui s'envolent et leurs couleurs qui caracolent, les pas qui creusent le sable qui se tasse et et le cri des mouettes qui hébète. Alors oui, nous allons partir à la mer". Lui : "enfin ! Une bonne idée mais où ?" Elle, à chantonner : "Ah, tu verras, tu verras Tout recommencera, tu verras, tu verras La vie, c´est fait pour ça, tu verras, tu verras Tu verras mon stylo emplumé de soleil Neiger sur le papier l´archange du réveil Je me réveillerai, tu verras, tu verras Tout rayé de soleil, ah, le joli forçat !".. ♫ ♬ ♪ ♩ ♭ ♪ Elle avait quelques mois pour y réfléchir... Alors qu'il s'asseyait sur un banc et qu'il se saisissait du roman de Sartre "La nausée" que celui-ci avait élaboré sur un laps de temps de huit années, "Madame de Beauvoir" se confondait dans ses espoirs. Elle : "Jacques, puis-je te laisser quelques instants ?" Lui : "Bien évidemment". Tandis que sa longue robe en tulle dont l'étoffe lui plaisait tant, se balançait au gré du vent et épousait les courbes de ses hanches, elle se rendit à l'agence. Elle saisit la poignée de la porte d'entrée et entra. Au mépris du brouhaha de la ville, des sirènes, des voitures de police et de pompiers, des chalands qui nous houspillent, qui nous exhortent à consommer un peu de tout et n'importe quoi, des klaxons, des avions qui décollent, des sifflements des trains, des cris des enfants, des jérémiades, elle fût scotchée par une seule et unique image : sur un des pans des murs de l'agence de voyages, figuraient ces deux fauteuils verts, juste une atmosphère ! Une bouteille d'eau était posée à leurs pieds, un sac coloré, la mer juste devant, qui semblait onduler. Un moment très simple et improbable qu'elle se mit à en rêver.... Une fraction de seconde pour que sa faconde s'anéantisse sous l'effet même de la surprise. Et même que, dans sa valise, elle n'aurait pu meubler ses angles morts, d'oripeaux. Bref, cerise sur le gâteau : elle avait déniché la destination ! Fallait-il encore qu'elle puisse plaire à Jacques alors qu'elle avait, d'un simple coup d'oeil,

capté son attention...

D'après une très belle photo de Christian Molitor, partagée avec son aimable autorisation.


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