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UN JOUR, MON PRINCE VIENDRA... ! ♫ ♬ ♪ ♩ ♭

Tu cherchais désespérément après moi, te hasardant jusque dans les bosquets, susurrant mon surnom au gré de tes regrets, te faufilant en dessous des fils barbelés, chaussé de plus hautes bottes q'un chat botté. Si je t'avais entre-aperçu, de tes fesses, je t'aurais botté ! Je n'étais nulle part à vrai dire. Nulle part et partout à la fois, mais je ne le savais pas. Nous nous étions séparés, de commun accord, sous le couvert de notre confidentialité tandis que mon coeur ne cesserait jamais de t'honorer de ma tendresse. Je m'étais levée de bonne heure. J'avais juste siroté un café, sur le pouce, pressé deux oranges à la va-vite et au dessus de l'évier, évidé un kiwi, goûté à un yaourt au lait de coco, dépouillé une banane de sa peau rugueuse. Pour peu, j'aurais pu proclamer que j'étais heureuse. Pourquoi ? Parce que j'allais me baguenauder par un dimanche frileux au creux de la campagne, épouser ses courbes, ses herbes sauvages, ses arbres dépouillés, tâter le givre ou le gibier, titiller le gardon, je ne sais pas vraiment où j'allais m'aventurer mais j'avais à coeur de partir, l'âme en paix. Rien n'aurait pu me retenir : ni un coup de fil, ni un appel à la sonnette, ni de tendres conciliabules ou d'improbables sornettes. J'avais en tête de taire mes écrits, de clore net le chapitre sur mes "aventures avec un apôtre" qui, désormais, ne serait plus parmi les nôtres ! Mais bon, à coeur vaillant, rien d'impossible ! (Ce proverbe reprend la devise de Jacques Cœur) ! :) Tout cela pour dire que j'avais verrouillé la porte de mon coeur à double tour, cadenassé à tout jamais. J'ai juste emporté ma tête parce qu'elle en vaut le détour : elle est pensive et sempiternellement en alerte ! Je me suis même dit que tu n'aurais jamais pu composer avec une poétesse car elle se relève à toute heure de la nuit pour coucher sur le papier écorné les mots qui la caressent et ses faiblesses, comme d'autres se laissent envahir par leurs cauchemars ou leur détresse; c'est aussi une déesse de l'imagination qui, à toute vitesse, alors que chaque minute se terre sous le confort du velours, n'a de cesse de poétiser, d'inviter, de créer... Pour peu, elle aurait adoré y consacrer le restant de son existence... Alors que le brouillard se dressait sous ses yeux tel un rideau en sommeil, avec obstination, elle pensait à toi, Jacques... Mais tu n'avais pas su trouver la parade... ! Alors elle a marché, longtemps, des heures durant... Enjambé des petits ponts de bois, croisé des marcheurs, écouté les petits oiseaux chanter, imaginé dans son petit ciboulot mille contes de fées, rat des villes, rat des champs... Elle vous revoyait, clopin-clopant, dansant sous la pluie en attendant son train ...C'était il n'y a pas si longtemps, par un soir incertain, alors que la lune s'était juste posée au dessus de vous, les deux vieux fous. Alors que le jour s'inclinait, à la faveur d'une lumière d'intérieur, elle se souvenait des moments heureux de sa jeunesse, de son enfance, de sa grand-mère qui lui racontait des histoires avant qu'elle ne s'endorme, des feux de cheminée, des jardins en friche, des hortensias en fleur, des fraisiers recouverts de la bouse des vaches, des glaïeuls grouillant de perce-oreilles, des petits pois qu'elle écossait, tout ce bonheur qui s'enfouissait alors qu'elle aurait aimé le retenir tels des rubans, et à elle, les attacher. A en crever des polochons, elle déclama ces quelques vers : Reviens, mon Amour, ta poétesse a toujours rêvé au prince charmant, le petit chat est juste en train de jouer avec une ficelle. Il ronronne de plaisir ...♫ ♬ ♪ ♩ ♭ ♪

D'après une de mes photos prise à Beaufays, par un dimanche

de janvier 2017.


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