LES FEUX DE L'AMOUR
- florencequoilin18
- 17 avr. 2017
- 2 min de lecture
Juste qu'on avait hâte à se retrouver. Depuis le 1er janvier, même si nous prenions de nos nouvelles de temps en temps, nous n'avions eu de cesse d'imaginer des retrouvailles en toute simplicité avec toute la tendresse et l'allégresse qui nous caractérisent. Alors, nous avions prévu de nous rendre le samedi 28 janvier prochain au restaurant chinois afin de fêter l'année du coq, année exquise... Mais en attendant, un samedi matin sur la Terre, Jacques et moi sommes partis à l'aventure, battre les pavés des campagnes, chantonner bras dessus bras dessous comme de vieux poètes fous, des sourds en quête de silence, des "mal-aimants" de villes parties en vrille et inquisiteurs de sommeils en exil. A vrai dire, j'étais venue le chercher avec ma petite Cox Vw qui en avait vu des vertes et des pas mûres, depuis autant d'années. La nuit avait été glaciale et la brume enroulait les cambrousses là où paissent ad vitam æternam les vaches et les chevaux sauvages, à l'orée des bois figés, dans les prés inhabités. Mais alors que l'aurore se délestait de son manteau glacé et givré, le décor qui s'offrait à nous était teinté d'une brume argentée digne d'un conte de fée. Un petit village perché, perdu dans ses pensées, bercé d'un clocher et d'une musique douce venait troubler notre exaltation dorée. ♫ ♬ ♪ ♩ ♭ Ce que j'adorais chez Jacques et qui rendait tous les hommes jaloux de nous, c'était sa faculté à m'extirper hors du temps, de nous rendre intemporels et géants. Je ne saurais l'exprimer autrement. Tout ce qui nous faisait face était d'une beauté sublimée par la force de nos sentiments. Nous n'avions jamais été enfants, en fait, nous le serions, indéfiniment. Nous n'avions jamais été amants, en fait, nous l'étions inconsciemment. C'est fou le ressenti de ces instants... Alors que les aiguilles des horloges s'épuisaient à nous refréner dans nos élans, nous parvenions malgré tout à rester dans nos rangs, où toute notion de l'insignifiant y avait trouvé grâce et bon sens. A nous deux, nous représentions un bouquet d'émotions où tout un chacun aurait aimé s'y perdre parmi les pétales mais notre complicité, mise sur un piédestal, telle une boule de cristal, n'aurait eu à l'idée d'y convier des fourbes, des envieux, des rois de pacotilles et d'étals. Alors que notre vue était brouillée par ces plaines inanimées, cette purée de pois dont on aurait pu en inventer un met, au mépris de la présence de ces oiseaux qui nous plongeait dans un autre univers, j'avoue que ... jamais.., nous n'aurions eu idée à décaniller. La morale de cette histoire est que... peu importe le temps que l'on passe avec ceux que l'on aime vraiment : dix minutes, une heure, trois ans.... ce n'est pas la durée qui importe, mais, c'est ce petit supplément d'âme qui nous porte vers l'autre et qui nous rend à tout jamais vivants.
D'après une superbe photo de Monique Boutolleau, publiée avec son aimable autorisation.
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