UNE NUIT BLANCHE AVEC LUI
- florencequoilin18
- 15 avr. 2017
- 3 min de lecture
Ceci est le premier billet de mes "aventures avec Jacques" romancées. Les nouvelles ne se suivent pas nécessairement dans l'ordre chronologique et je m'en excuse. Dès qu'il a franchi la porte, j'ai su que c'était lui. En cascade, les boucles blondes de mes cheveux s'étalaient sur mes épaules. Alors même que mon regard l'ignorait et que tombait presque la nuit, que le jour s'inclinait sous des teintes tortueuses, il a eu la présence d'esprit de me saluer. Je prenais un drink sur un divan en skaï, après une dure journée de travail, au bistrot. J'étais libre comme un oiseau, libre comme l'air que l'on respire loin des guerres et des bombes où les peuples fuient. J'avais perdu la notion du temps. C'était l'été et j'étais bien. Il faisait beau et je n'avais pas envie de rentrer à la maison. Personne ne m'attendait plus jamais, désormais. J'aurais pu m'installer à la terrasse mais je ne le faisais jamais. Je désirais fuir le bruit et les gens qui passent, leur regard abruti. Il a planté ses yeux dans les miens et il m'a dit à quel point l'ennui tonitruait ses entrailles et sa vie. C'aurait pu en rester là mais il a désiré lier connaissance. Et nous avons commencé à discuter sauf que je n'ai pas vu l'heure passer. Et l'heure bleue est arrivée et puis très vite, l'obscurité. Je me suis rendu compte que rien d'autre ne comptait plus que sa présence à mes côtés. J'étais pendue à ses lèvres comme une pauvre fille perdue dans un univers bien trop vaste, flagorneur et inculte. J'aurais mieux fait de prendre mes jambes à mon cou mais je ne sais si c'étaient ses belles paroles qui me retenaient, sa presta
nce, son instruction ou son éducation mais une chose est sûre, j'avais bien envie de ne plus jamais le quitter. Il m'a parlé de sa vie inlassablement. Je n'attendais rien de lui. Ni de personne d'ailleurs. Mon coeur était aussi sec qu'un nid de noisettes. Jusque que j'avais envie de prendre ce moment puisqu'il n'avait aucun prix. Si aucun de nous deux ne pensions au jour suivant ni même à l'heure qui s'en suit et que nous trouvions plaisir à débattre des sujets de société : politique, religion, lois, médecine etc., je ne vois pas pourquoi j'aurais dû le congédier. Subrepticement, les éclairs ont déchiré le ciel ! Tonnerre de Brest ! L'orage a grondé et alors même que nous semblions seuls sur terre, je me suis dit que j'allais devoir décaniller... Les aiguilles de l'horloge avaient bel et bien tourné. Les derniers soûlards discutaillaient autour du bar, une pin-up aux bas résille se tortillait derrière le comptoir, du bleu sur les paupières à en tomber à la renverse. Sa mini-jupe lui boudinait les fesses. J'ai pris un dernier verre et j'ai reconduit Jacques jusqu'au seuil de son appartement. Je pense que nous avions réellement sommeil. J'avoue avoir même eu très froid. Je l'ai laissé aller rejoindre son alcôve tandis que je me suis emparée des clés de ma petite voiture. Je me suis dit après tout, j'irais bien à la mer prendre l'air et à l'aube claire, ou à une heure plutôt avancée du matin, je ne sais plus très bien, je me suis retrouvée face à face avec la mer, installée sur le sable, à écouter le bruit des vagues et je me suis sentie intensément heureuse. Jacques m'avait dit que j'étais belle.. J'aurais préféré qu'il me dise autre chose.. Je ne sais pas, moi... Que je lui avais apporté quelque chose... Qu'il avait passé un bon moment alors je lui ai téléphoné parce que je ne me foutais pas mal de savoir que je lui plaisais et lorsqu'il a décroché, je lui ai demandé "qu'attends-tu de moi ?" et là il m'a répondu "simplement de temps en temps te parler parce qu'avec toi, je ne m'ennuie pas"...
D'après une très belle photo de Vincent Lecolley, publiée avec son autorisation.
Comments