UNE CERTITUDE ♫ ♬ ♪ ♩ ♭ ♪
- florencequoilin18
- 15 avr. 2017
- 2 min de lecture
Jacques me manquait éperdument. J'avais pris conscience que je n'avais pas répondu à ses attentes. Mais peu m'importait. Je mettrais tout en oeuvre pour le revoir, après les fêtes de Noël. Il faisait très beau ce dimanche alors que je daignais m'extraire de mon alcôve. Nous étions en hiver mais il n'en avait pas l'air... Le matin était encore cotonneux et ouaté, j'avais été plongée dans un sommeil réparateur de bien longue durée. J'ai même ouvert la fenêtre de la cuisine, comme en plein été et je ne sais ce qui s'est passé, comme si souvent, mon esprit a divagué et je me suis remémorée un temps révolu, cette si digne saison qu'est le printemps, propice à la rêverie et à la flânerie. J'ai vu surgir face à moi des chevaux blancs imaginaires et fougueux, sauvages à l'envi, je me suis inclinée devant ce décor d'une beauté à couper le souffle; cette nature luxuriante, j'étais revenue malgré moi, quelques mois auparavant, à Eisjden, aux Pays-Bas. Souviens-toi mon ami, alors que tu me tenais par la main, comme nous étions bien, si loin des embruns de la mer, des parfums iodés et du bruit du ressac, du cri des mouettes tonitruant. Nous avions juste idée de nous baguenauder sous les auspices de notre tendre simplicité. Nous étions partis au petit matin, alors que la lune esquissait les dernières lueurs du ciel, que les étoiles avaient pâli au gré d'un nouveau jour en éveil. Avec ta petite 2 cv, tu as emprunté les routes secondaires, celles que dédaignent les gens pressés. Nous nous sommes esclaffés nous replongeant dans les méandres du souvenir d'une journée récente à nous imbiber des senteurs de la ville. Tu te gaussais des bourgeoises et de leur air altier. Tu souriais à l'idée qu'elles auraient pu pédaler dans un air bien moins pollué que dans cette cité si bruyante mais bon, on ne choisit pas sa famille ni l'endroit où l'on naît mais c'est sûr qu'on peut toujours changer d'avis voire même, évoluer. Mais si elles s'y complaisent, les citadines, c'est leur droit, non ? Enfin, bon, nous nous plaisions à "refaire le monde". Et au mépris des minutes qui s'égrènent, tu as garé la voiture à l'orée d'un chemin boisé primesautier. Nous avions emporté notre panier à pique-nique et un vieux châle à carreaux, dépareillé. Et puis au détour d'un sentier, nous l'avons aperçu, il ne payait pas de mine mais toute sa fortune était dans ce qu'il représentait. Oui, il n'avait aucune valeur, il était posé là, perdu parmi les choses, et pourtant ... même s'il n'était pas très élégant ou fringant, sa présence nous a réconfortés car nous pouvions nous y poser et contempler l'or sacré du monde qui nous entoure : la sérénité qui, sous son masque de grâce, est notre plus fidèle alliée. Je t'ai blotti contre mon coeur et je t'ai murmuré à l'oreille "Jacques, il y a des certitudes dans la vie... Désormais, je sais que je n'aurai plus jamais peur".
Cette photo a été prise par moi à Kalmthout.
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