N'ATTENDS RIEN, TOUT VIENT A POINT...
- florencequoilin18
- 15 avr. 2017
- 2 min de lecture
J'aurais bien tourné le dos à la vie si je l'avais voulu mais je la croquais à pleines dents, désormais, même si je ne l'avais pas encore revu, ce fringant gaillard qui animait les tranches de plaisir de certaines de mes journées de déconfiture. Jacques occupait tout mon espace vital. Avec fracas, dans ma tête, je me remémorais ses rires incessants et tonitruants. Le brouillard d'un dimanche inanimé, tel une page blanche, ankylosait mes pensées. J'étais devenue une pâle copie de ma petite personne; j'errais telle une âme en peine. La complainte de mes jours déteignait sur mes nuits sans sommeil et les colorait de sinistrose. J'étais devenue l'ombre de mon ombre, une silhouette déambulant dans une forêt dense où les bois morts et les arbres noirs dépérissaient et pourrissaient au pied des mousses imaginaires. L'aube claire était si lointaine qu'au galbe de ces mots, j'aurais pu boire l'eau de toutes les fontaines mais elles s'étaient taries. J'aurais pu lire dans les étoiles mais mes paupières avaient baissé pavillon. Réduite à néant semblable à une harpe dénuée de cordes, la musique de mon coeur n'avait pas encore sonné le glas de ma torpeur. C'est fou à quoi on pense dans ces moments-là ... Aux belles promesses, à sa jeunesse qui fiche le camp, au temps perdu, à l'amour fou, aux amitiés éternelles... Pour peu, on se ferait passer pour un niais.. Sauf que ... Garder l'espoir est un but en soi. Alors, j'ai pensé à un ami qui me voulait du bien.. Un homme caché dans un pays lointain.. Un éternel baladin qui, jadis, me conseillait et m'exhortait à ne jamais désespérer. Et bien que j'aie trébuché et me sois égratigné un genou, je me suis relevée et à sang pour sang car je saignais, j'ai pansé mes blessures et ai arpenté les sentiers boisés sous le couvert d'un ciel de cendres. Mais j'avais appris, au détour de mes errances, à ne plus jamais dépendre de qui, de quoi ni de personne; croire en ce que je suis
et coûte que coûte avancer malgré les barrières, les obstacles, les fils barbelés, les ornières; me hasarder jusqu'au bout du chemin, d'où émergerait subrepticement une si belle lumière... Et très curieusement, alors que je m'enfonçais dans cette ambiance oppressante, je l'ai vu surgir de nulle part; en fait il m'attendait à la croisée des chemins et il m'a tendu la main.. Et oui, Jacques était là, les bras en croix, il était revenu !
D'après une très belle photo de ENYRIL PHOTOGRAPHY publiée avec son autorisation.
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