MON BEAU, MON TENDRE, MON DOULOUREUX A.....

FLO 1

"Il fait si sombre ce matin... J'ai perdu la notion du temps. Quelle heure est-il ? J'ai si froid dans mes draps de satin. J'empoigne l'oreiller, écoute la pluie fracasser les pavés. Les volets sont clos depuis un temps incertain. Une symphonie de Tchaïkovski déchire le silence. Je t'ai cherché partout, en vain. Tu ne reviendras pas. Tu peuples mes nuits craquelées de cauchemars. Dans le miroir de la salle de bain, c'est ton regard Qui se pose sur ma peau nue, va savoir... Je ne sais plus très bien où je suis, qui je suis Si j'existe encore, ce que je dois attendre ou espérer. Lorsque le jour s'allume en bandes de brume, Alors qu'au bord de ma tasse, le café forme des volutes Je me mets à rêver à cette saison où nous étions deux. Elle s'appelait le printemps. En avril, bras dessus, Bras dessous, nous avons arboré les prés, Déambulé dans des venelles couvertes de fleurs Posé à même le sol notre baluchon et contemplé Longtemps, si longtemps, les étoiles et les voiles. Nous étions partout, libres et fous à la fois. Les semaines se sont écoulées, main dans la main On aurait pu s'aimer un million d'années mais Si l'on s'est connus par hasard, on s'est aussi perdus. Il y a des soirs où l'automne me donne le bourdon, Où je n'ai plus envie de me battre ni de combattre Où mes yeux se posent je ne sais où, à l'abandon Et perlent ces larmes qui coulent le long de mes joues Où tu aimais jadis déposer tes lèvres enfiévrées. Que te dire ? Le liras-tu jamais, ce billet écorné ? Mais il me tardait de l'écrire, lasse de mes soupirs. Sache que... alors que les minutes s'égrènent, Que les arbres se colorent de teintes flatteuses, Que si même les oiseaux se sont tus, que les vagues De la mer du Nord se sont assagies, repues Je n'ai jamais cessé un seul instant de penser à toi...."

D'après une de mes photos. Ce texte est dédié à Jean-Pierre Debattice. Ce fût déchirant pour moi d'avoir pu retranscrire mes émotions d'une façon aussi claire et réaliste.