LES ROSES GIVREES
- florencequoilin18
- 15 avr. 2017
- 3 min de lecture
Dès que je les ai aperçues, j'ai su qu'elles allaient m'inspirer. Elles étaient figées au beau milieu d'une page photographique inhabitée ou peut-être fréquentée d'un clic de souris, mais moi, je les avais repérées. Je les ai trouvées tellement précieuses et gracieuses que j'ai eu idée à les honorer. Nous étions le 21 décembre. Ce nouveau jour avait pris ses quartiers d'hiver. J'avais appris d'un furtif coup de fil avec Jacques qu'il souhaiterait me revoir au Nouvel An, pas avant car il avait à faire... Si : peut-être bien le 24 au matin... chez "Laurette" entre 11 et 14 heures... mais rien n'était certain. Donc, nous avons convenu de nous retrouver dans un petit restaurant le premier de l'an et d'y déguster la fameuse choucroute, la tradition liégeoise où l'on pose en dessous de son assiette une pièce de monnaie que l'on prend soin de mettre de côté afin de ne manquer de rien financièrement durant l'année qui s'écoule... Ah ces fameuses traditions, décidément bien ancrées ... Donc j'ai réservé une table pour deux personnes dans un restaurant où nous n'avions jamais mis les pieds, le 1er janvier, dès 19 heures. Comme j'étais à la maison, lorsque j'ai enfin pu mettre un terme à notre conversation, je me suis aventurée jusqu'à ma garde-robe. En effet, je désirais me parer de mes plus beaux habits pour marquer l'événement, être un tantinet à mon avantage ! J'avais bien en tête la petite robe turquoise mais elle me semblait un peu surannée, les épaules auraient été dénudées et au Nouvel An, il ne fait pas très chaud... J'ai opté subitement pour un top noir pailleté mais la robe qui l'accompagnait, couverte de plumes, aurait pu lui déplaire, de par son audace et sa fantaisie... Tenue classique ? J'ai farfouillé. J'avoue que je n'aime pas ce qui est conventionnel et ennuyeux et surtout j'avais envie de le surprendre voire même, de le séduire... Qui sait ? L'espace d'un instant, au détour d'un soir... Alors je me suis dit que j'irais bien, le lendemain, à la "Boutique au chic". Si peu citadine dans l'âme, au ras des pâquerettes de faire vivre les centres commerciaux, j'avais en tête un petit bric-à-brac vintage qui aurait bien pu me dépanner à prix raisonnables. Donc, le lendemain matin, alors que je commençais une heure plus tard au boulot, je me suis aventurée dans ce capharnaüm coloré et bohème à l'envi. J'ai même eu plaisir à m'y plonger avec délectation. Il y régnait une atmosphère intemporelle, teintée de naphtaline et d'extravagance; les parfums désuets d'un autre temps où les voilettes côtoyaient des salopettes émanaient jusqu'au plafond où des lustres y étaient accrochés, recouverts de guirlandes et de boules opaques en guise de garnitures festives. Très curieusement, mon regard fût attiré par une tenue un peu ringarde : une jupe en dentelles noires qui m'arrivait à mi-mollets ! Je l'ai donc essayée en tirant les rideaux de la cabine d'essayage. Cette jupette épousait les courbes de mes hanches à merveille. J'ai même songé au petit top noir pailleté. Donc, c'était parfait ! J'avais déniché, au gré du hasard, l'apparat qui pourrait peut-être capter l'attention d'un homme somme toute bien ordinaire. Je me suis donc offert cette toilette, le sourire aux lèvres, l'âme guillerette. Il me restait quelques minutes avant de retrouver les comparses quotidiens sur mon lieu de travail. Et dès cet instant, je ne sais ce qui m'est passé par la tête, j'aurais très bien pu, en cette période de fêtes acheter une bûche à la crème chez le pâtissier, un ballotin de pralines enrubanné chez le chocolatier mais je me suis précipitée d'une manière inexpliquée chez le fleuriste où j'ai désespérément cherché de si jolies roses givrées que je n'ai jamais trouvées...
D'après une photo de MISE AU POINT PHOTOGRAPHIES publiée avec leur aimable autorisation.
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