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DEMAIN EST UN AUTRE JOUR

  • florencequoilin18
  • 15 avr. 2017
  • 3 min de lecture

J'avais en vain tâché de joindre Jacques par téléphone mais il ne répondait pas à mes SOS, mes cris de détresse, il semblait sans conteste m'ignorer. Pour peu, j'aurais pu penser qu'il me dédaignait. En fait, je le connaissais bien trop peu - comme on ne connaît personne, en somme - pour pouvoir me faire une opinion et envisager la suite de nos "aventures". Je me suis dit que j'allais lui écrire mais pour, ce faire, il fallait surtout que je regagne mon domicile ! La gare était désertée; le dernier train au bout du quai sonnait le glas sur cette mémorable journée. Il faisait si froid, -13°. Alors que mes pas claquaient sur le sol craquelé, que mes pieds glacés n'avançaient qu'au millimètre près et que je me trouvais encore à quelques dix miles de la maison, les doigts gelés, le ciel s'est déchiré sous le voile du crépuscule, et la grêle s'y est mêlée. J'étais désespérée et frigorifiée. Une atmosphère moribonde se dressait devant moi. Mais comme je n'avais peur de rien, ni de personne, j'avançais vaille que vaille, me remémorant au passage notre béguin à la taverne au mépris des regards indiscrets, nos escapades en bord de mer, nos dîners aux chandelles, nos vaines espérances mais aussi le déni de nos regrets... Tandis que j'errais telle une âme en peine, je voyais défiler devant moi un décor peint de tristesse, où les arbres morts teintés de détresse semblaient danser dans mes yeux dont les paupières étaient aussi lourdes qu'une collection d'arbres de Tule. Sauf que nous n'étions pas au Mexique... ! Alors que les larmes roulaient en tambour sur mes joues grelottantes, une banquise en esquisse aurait pu m'emmener au bout du monde que je ne sais ce que j'en aurais fait. J'avoue que ma seule préoccupation était de rentrer chez moi. C'est fou comme le temps paraît long, parfois.... Mes dernières forces paraissaient me déserter lorsque dans les derniers soubresauts de cette soirée polaire, j'ai saisi mes clés et ai ouvert la porte d'entrée. Ouf ! J'étais bel et bien arrivée à bon port. Je me suis effondrée au pied du radiateur. J'étais littéralement congelée. Je me suis préparé un thé à l'orange et j'ai à nouveau appelé Jacques. La nuit était tombée depuis trois plombes. Au moment où il décrochait son téléphone et s'est mis à me parler, j'ai senti un fossé se creuser entre nous. Je me suis mise à balbutier des bribes de conversations inanimées et à ne plus trop savoir quoi lui raconter. Celui-ci m'a accablé de reproches, m'a avoué qu'il avait été très déçu de me savoir partir bientôt pour Varsovie, seule, de le laisser tel un orphelin dans un dortoir, un chien emmené de force à la fourrière, un être en dépôt, un objet consigné... ! Face à la teneur de ses propos ma foi fort déplacés et injustifiés, j'ai préféré en rester là, le moral en berne, le coeur blessé. J'aurais pu plaider la présomption d'innocence mais, que je sache, je n'étais pas coupable de m'avoir laissé pousser des ailes et d'avoir pris mon envol, sans avoir à m'en justifier ! Il se faisait vraiment très tard. Il faut savoir raison-garder... Ranger dans de beaux tiroirs nos furtives échappées hors de ce monde hostile et inhabité. Mais j'avoue que mon sommeil fût cambriolé tout au long de la nuit par le cri strident des mouettes que j'avais malgré moi emporté, par le bleu du ciel qui s'y était accompagné, par les pas de danse que nous avions esquivés, par nos éclats de rire d'âmes d'enfants qui se heurtaient aux parois de mes pavillons, par toute cette magie qui vous avait inondés... Je ne savais quoi penser...

Mais je me suis assoupie tout en ayant à l'esprit les paroles d'un Sage qui m'avait appris ce que l'on enseigne dans les écoles, dès leur plus jeune âge, aux petiots : les règles d'or : - ne jamais s'avouer vaincu, ne pas courber l'échine. - toujours garder l'espoir et vivre le jour qui suit sans rien attendre... juste laisser venir les choses... car les choses se font d'elles-mêmes si elles doivent se faire".. Merci l'Ami.. Car, demain est un autre jour.

D'après une photo de Bruno Hautcoeur, publiée avec son autorisation.


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