CHERBOURG
- florencequoilin18
- 15 avr. 2017
- 2 min de lecture
"Tu m'as tirée de mon sommeil bien malgré moi. L'aube se dessine telle une esquisse, Il est encore si tôt pour un dimanche matin. C'est l'été et pourtant j'ai un peu froid. Tu es si loin de moi, c'est comme si tu étais là. La journée va me paraître bien longue Mais je serai occupée. Siroter un premier café Et déguster les fruits posés à même la table. Contempler le bouquet de fleurs, sur le guéridon. J'ai ouvert la fenêtre qui donne sur la cour, Histoire de humer le parfum de la lavande. L'air est un peu frais, les oiseaux chantent Subrepticement, le chat du voisin vient me saluer. J'écouterais bien la sonate n° 2 de Chopin. Je t'avoue, je me sens désemparée. Je me doute qu'un jour, tu reviendras. J'aurais aimé entendre le timbre de ta voix, Que le téléphone sonne et rire aux éclats. Toi, tu dors encore, rêves-tu seulement à moi ? Que vas-tu faire de ce nouveau jour, à Cherbourg ? Bientôt viendra l'automne et ses soirs trop courts Les cahiers d'école, les encres mêlées, Le cartable lourd jeté dans l'entrée. Tout me semble subitement bien monotone. Nous cueillerons les aster du parterre, Les noix du verger et les potirons du jardin J'allumerai des lanternes et nous ferons du feu Nous nous blottirons comme deux petits vieux Dans notre alcôve et nous nous chérirons. Les minutes s'égrènent, les tintements du carillon Se fait entendre au loin. La place du village Est inhabitée. Par terre, des cageots subsistent, Les résidus du grand marché d'hier. Une silhouette se dessine, une âme perdue, Je trouve que je lui ressemble un peu. Si les murs des maisons pouvaient parler Me raconter une petite histoire, j'aurais aimé. Mais bon... Je vais devoir te laisser. Tu te demandes pourquoi. Qu'avais-je à te confesser ? Dieu seul le sait..."
D'après une photo de Yves Le Jeune, publiée avec son autorisation.
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