A MAREE BASSE
- florencequoilin18
- 15 avr. 2017
- 2 min de lecture
Ce texte est la suite de "Dieu que c'est beau !"
Alors que nous contemplions les bateaux tout au loin, je ne voyais toujours pas apparaître le coucher de soleil et pour cause, il était bien trop tôt dans la journée. Même que je commençais à avoir faim ... Nous avions bien emporté notre bagage à main et j'allais en extraire un sandwich lorsque, soudainement, j'ai tourné mon visage dans ta direction. Tu as effleuré mes joues avec douceur, tes mains chaudes auraient voulu caresser mon corps avec ferveur et s'emparer des moindres parcelles de ma peau. J'ai soutenu ton regard qui portait en lui les fragrances d'une concupiscence ma foi un peu déloyale. En fait, je n'avais pas prévu ce retournement de situation ! Mes mains étaient glacées et mon coeur givré. De frêles silhouettes, en arrière-plan, guettaient la plage. On aurait pu fredonner "On the beach" de Chris Rea mais nous désirions à tout prix capturer ce silence comme d'autres retenaient entre leurs doigts les grains de sable de la côte endormie. Un seul bruit aurait pu anéantir notre espérance de langueur absolue, le lyrisme de ces quelques heures perdues au gré d'un bonheur inénarrable. Ta bouche s'est hasardée à se poser sur mes lèvres inanimées. Et je ne sais pourquoi mais je me suis laissée emporter par la fièvre des sentiments qui te gagnaient. J'ai répondu à ton baiser et je t'ai serré très fort contre moi. Je ne voulais rien de plus, rien de moins, surtout taire les chagrins récents, les détresses d'autrefois, les moments creux, l'ennui qui parfois, me terrassait, ces angoisses en formes de toiles d'araignées qui tapissaient mes nuits et les emplissaient d'effroi; gommer mot à mot tout ce qui avait et aurait encore pu nous séparer. Puis je t'ai demandé : "Dis, Jacques, si nous restions ici un jour de plus ?". Certes, nous n'étions pas riches. Nous étions partis sans le sou et sans le linge, aussi. Peut-être aurais-je eu à l'idée de vivoter comme deux vieux fous, nous acoquiner du sable blond pour y séjourner la nuit ? Nous poser à même les dunes, sous la houlette des herbes sauvages ou prendre une chambre d'hôtel ? Va savoir... A ce moment-là, pris au dépourvu, et dans un grand éclat de rire, tu as rétorqué : "et pourquoi pas ?" Tu avais toujours été ébahi par mon côté fantaisiste et totalement imprévisible et à travers toi, je m'escrimais à combattre mes maux d'hiver et à instaurer dans mon for intérieur un climat de paix et de sérénité. Donc nous avions gagné... Non pas une bataille, non pas un avenir.. peu importe après tout mais nous avions tout simplement cette envie de continuer, le jour d'après, à alimenter nos bulles d'aventure sous la garde des pas argentés marqués à même le sable mouillé et de ces coloris flatteurs qui ravissaient nos pupilles émerveillées.
C'est bête à dire mais je pense que nous étions tout simplement.. heureux ♫ ♬ ♪ ♩"
Toujours d'après une très très belle photo de Nicole Boxberger, publiée avec son autorisation.
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