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LE PERVERS NARCISSIQUE

  • florencequoilin18
  • 5 avr. 2017
  • 2 min de lecture

"Non, ça n'a rien à voir avec les narcisses... Non, rien à voir avec la perversité même si, quelque part, le comportement du manipulateur est sournois et pervers. Tu avais eu à coeur de broyer, une à une, les cellules de mon cerveau telles les feuilles qui se détachent des arbres morts, en automne. Je t'aimais. Mais tu as fait de moi un jouet, un être manipulé, une poupée dénuée de pieds et de tête, surtout. Je n'avais aucun droit, avec toi. Pas celui de porter les angoisses d'autrui, de déambuler, de m'exprimer; j'étais réduite à l'état de manchot, une handicapée de l'espoir. Tu avais des exigences : je devais porter un bandeau sur mes yeux, des boules Quies à chaque instant, ne pas espérer tirer les rideaux ni ouvrir la porte sur le jardin. Or moi, j'aime les muscaris, obstinément. J'adore sentir les gouttes de pluie flatter ma peau veloutée alors que l'hiver me recouvre de son manteau et que l'été brûle sous ses oripeaux. Avec toi, je n'avais aucun droit. Je me souviens encore, en ce bel avril, j'étais installée sur la chaise longue, dans la cour. Je t'ai invité à prendre le thé, tu as fermé les volets, ôté des fenêtres, les poignées. Mais je t'aimais.... Tu m'as fait l'amour comme j'aimais. Eprouver du plaisir, être enfin libérée, de chaque moment, jouir, crier, me sentir être vivante, vibrer, briller au mépris de ton oppressante et indécente jalousie. Alors que tu me portais vers le haut, que je t'admirais, te vénérais, toi, l'absent, l'homme si occupé, moi je vivais sous ton masque, telle une ombrelle éprise de soleil, délaissée par mes amis que tu haïssais. Mais je t'aimais... Je t'ai attendu des matinées et des soirées... Les saisons se sont succédé. J'ai cru à tes belles paroles exposées telles des paraboles. Tu étais mon idole. J'étais prête à poser à même ta couronne, une auréole. J'y croyais. Mais au fur et à mesure que mes murmures s'écrasaient aux parois des murs, je me suis rendu compte, l'espace d'une seconde, que nous évoluions dans un monde somme toute obscur, un univers irréel et impur où je me débattais à combattre ton ingratitude, ton manque de respect teinté d'immondes injures. Il m'a fallu du temps, très longtemps pour m'apercevoir que nous ne regardions pas dans le même miroir mais que je me laissais choir dans un mouroir. Je t'avoue, je ne ressens ni haine, ni colère. Je te dirais même volontiers merci car tu m'as appris à naître de ce que tu étais, de ce que j'ai tant espéré que tu m'apporterais. Non, je n'ai pas enfanté, nous ne sommes pas unis, mais aucun regret, ni aucun déni... La vie suit son cours et si tu veux savoir, tout à fait entre nous, je crois de nous deux, sincèrement, c'est toi le plus malheureux"

D'après une très belle photo de Céline Cordier, publiée avec son aimable autorisation.


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