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MON PORT D'ATTACHE

"Tu es parti de quelques heures que tu me sembles t'être sauvé de quelques jours; un nouveau bouquet de fleurs est posé sur la table, comme tous les samedis. Je ne te fais pas la cour, je te rassure, ou peut-être que je te déçois. Mais ce n'est plus de mon âge, me semble-t-il. J'aurais bien eu vent de me poser dans un coin de sa besace, dans les plis de ta valoche, planquée entre tes tricots et tes romans inachevés. Et toi, tu pars, loin, à cent mille lieues de moi ... Tu vas contempler la mer, immortaliser les oiseaux, les rapaces, va savoir... Déguster les fruits de mer, les escargots, les coquillages, respirer les embruns et savourer le petit vin blanc sec de la région. Et m'écrire, indéfiniment que tu t'ennuies de moi... Ah si j'avais été l'hôtesse de tes matins clairs, de tes nuits étoilées, nous aurions pu danser le long des golfes claires imaginaires, nous sustenter d'huîtres dont tu aurais déniché la perle.. Peut-être me serais-je endormie au bord de la plage sauvage perdue parmi les herbes brûlées par le soleil, sous le joug du vent et tu aurais déposé un baiser de miel sur mon front enfiévré. Nous pouvons tout imaginer. Même des lunes de dunes qui ondulent... Du crépuscule au coucher du soleil, nous tenir par la main et nous baguenauder au détour des chemins ensablés. Comme des enfants, nous aurions sauté dans les vagues qui s'enroulent. Nous aurions dessiné un coeur sur le sable blond et j'aurais même écrit mon prénom. Le ciel aurait été d'un bleu limpide, comme dans les contes de fées. J'aurais beaucoup aimé mais bon... peut-être dans une autre vie. Le temps me paraît si long en ce premier jour où ton absence me semble ne remplir aucun silence, comme si les minutes devenaient lourdes de sens. Je ne sais plus quoi te dire ni comment l'écrire... D'une façon somme toute maladroite mais j'avais à te le faire savoir... J'attendrai ton retour sans impatience. La patience est la "mer" des vertus... Au loin, j'aperçois les bateaux de pêche qui reviennent d'une bien longue journée et les pêcheurs à la peau halée, aux traits creusés qui déploient leurs filets. Ils ont l'air heureux. Satisfaits. Que demander de plus ? Une simple pensée pour toi, comme un billet animé d'un endroit où il fait toujours froid... Oui j'ai froid.. Tu n'es pas là... mais est-ce grave en soi ? Peut-être qu'un jour tu seras là et je serais très heureuse de te serrer dans mes bras. Si tu veux et uniquement si tu veux..."

La photo qui illustre ce texte qui me tient particulièrement à coeur, oui j'adore ce texte, a été partagée et publiée avec l'autorisation du photographe qui l'a prise, soit Yves Le Jeune.


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