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MERCI

"S'en est allé tel un vestige du passé, le temps des cerises Elles étaient bien goûteuses et charnues cette année. La récolte fut bonne, et de cet été prometteur et joyeux Je garde le souvenir d'instants rieurs et heureux. Tu vins à ma rencontre, je t'ai accueilli à bras ouverts, Nous nous sommes aimés l'espace d'heures éphémères, Ce que dure au printemps la floraison de la primevère. 5 heures du matin ! Je fus tirée de mon sommeil par la chaleur, La moiteur de mon corps, j'ai ouvert toutes les fenêtres Mais je ne suis jamais parvenue à me rendormir. Ton âme me guette, ton coeur en suspens, la lueur de tes yeux Tout me rappelle que tu existais à travers à moi encore et encore. Importunément, quelques véhicules s'investissent de la chaussée Certainement des estivants qui partent dès l'aube. Ils viennent déchirer le silence, investir ces minutes de grâce Dont j'avais idée à me délecter inlassablement. Il y a du brouhaha dans ma tête... Je revois les coquelicots En fête, les épis de blé et les grains de maïs parsemés Le long des champs dorés. Nos balades main dans la main Où tu me tenais par la taille ou par les épaules, Ton air altier me déshabillait du regard, tu me toisais. Et moi, haute comme trois pommes, je battais des cils. Sous mon grand chapeau de paille orné de rubans Je savoure le nouveau jour qui se dessine inopinément. Désormais, tu ne seras plus jamais là. Ton départ Qui, jadis m'a causé tant de tristesse, me soulage enfin. Ne pense pas que je sois une femme sans ardeur, J'ai simplement lâché-prise. A présent, le bagage est léger, Tout me semble clair et limpide. La peine s'en est allée. De toi, je suis née. Mon regard se pose ici et ailleurs Et je me sens indéfiniment bien. Il était temps... Tout cela pour te dire que les saisons défilent, Que demeurent dans mon esprit l'éclat de nos rires, L'opuscule de nos confidences, nos moments de plaisir, Mais je devais me sauver de toi afin de me guérir, Et cicatriser les plaies causées par ta douloureuse absence. J'aurais quand même appris qu'au fil de ma patience, On parvient toujours à annihiler le chagrin, A faire tomber les barrières et plus que rien Dès lors ne pourra m'arrêter. Et là, au bord du chemin Les mûres me destinent des clins d'oeil et le chèvrefeuille Coiffe mes narines de fragrances bien odorantes. L'aube est douce comme le miel; il fait déjà clair... Je contemple l'exubérance des capucines, Une goutte de pluie, sur la cour, vient de tomber. Je pense bien que je vais m'en retourner dormir".

D'après une très jolie photo de Marie Morin, publiée avec son aimable autorisation.


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