ODE A L'HIVER

nicole boxberger

D'après une très belle photo de Nicole Boxberger, publiée avec son aimable autorisation.

"A la cueillette aux champignons, tu n'iras point. La saison s'est éteinte. J'ai posé à même le feu au beau milieu des braises qui se consomment de nouvelles bûches. Tiens-toi bien au chaud, l'hiver claque dehors, la neige a fait son apparition. Si nous buvions un thé ou un chocolat ? Prendre un livre, tourner quelques pages, histoire de se poser. Le soir se décline en mille teintes, le coucher du soleil s'est effacé, il reste bien quelques traces rouges dans le ciel qui se distillent. Bientôt les étoiles apparaîtront, la nuit tombera. Dans ton alcôve, tu te reposeras, oublieras tes chagrins de jeunesse et te souviendras des contes de fée et des potins du village. Il y a si longtemps déjà... Je regarde le jardin, il a bien triste mine; les asters sont fanées et le givre a déteint sur l'éclat des roses. La fourche se tient éveillée, elle y croit encore ! L'échelle posée à même le noyer s'incline, sous la garde du verger. Oh comme j'aimerais voir les fleurs du pommier éclore, la pureté qui émane de cet éveil printanier. Un peu de patience, un zeste de rêverie et d'un saut de puces, nos yeux pourront en rêver. Demain, c'est dimanche ! Nous nous lèverons dès l'aurore et chausserons nos bottes de campagne. Nous foulerons les prés et irons retrouver les grands arbres recouverts de paillettes blanches scintillantes et les espaces muets. Nous saluerons au passage les voisins, nous armerons de nos bâtons et partirons à la rencontre de Dame Nature. Quelques oiseaux piailleront. Le cerf aura fini de bramer. Les papillons ont décanillé depuis un temps certain. Nous ramènerons un brin de houx pour orner la cheminée. Alors que le vent se lève, nos mains sont glacées et nos joues empourprées, je me mets à chantonner, à fredonner ces vieilles chansons que nous avons tant aimées. Janvier neigeux s'installe. Toute la fièvre du monde qui s'agite s'atténue au fur et à mesure que nos pas nous guident vers cette si douce tranquillité. On est bien, tu ne trouves pas ? Et lorsque nous serons rentrés, si nous écrivions un billet ? Une ode à l'hiver, qu'en penses-tu ?"