Les dix facettes de Martine (pseudo : "TITINE")

J'ai rencontré cette artiste en herbe à l'occasion d'une exposition d'artistes Stembertois. J'ai interrogé trois femmes d'honneur. Je dresse le portrait de celle qui m'a le plus émue, une secrétaire médicale de 53 ans qui a vécu de bien tristes événements, comme tout un chacun dans son existence car la vie est loin d'être un long fleuve tranquille, un parcours semé d'embûches mais dont sa pugnacité n'en a été atteinte, en aucune manière. Sa curiosité et sa détermination ont payé en sa faveur et lui ont permis :

a) de croiser à travers l'expression de son talent le regard des autres et aller vers eux, voire davantage encore.

b) d'occulter, si faire se peut, ses douleurs, ses problèmes de santé, ou plutôt de se plonger dans une bulle de bien-être où jamais elle ne paresse, et où elle caresse ce besoin de progresser.

c) de distiller autour elle une sincérité et une spontanéité qui la rendent attachante.

1. "Bonjour Titine. Quelle est l'expression de votre art ?"

"Je dessine au crayon, je créée des aquarelles et des pastels, je retranscris des paysages".

2. "Cela fait-il longtemps que vous dessinez ? Quel a été le déclic ?"

"Je travaille en tant que secrétaire médicale depuis huit ans. J'ai éprouvé d'énormes douleurs au niveau du genou, on m'a opérée du ménisque et je porte une prothèse. J'ai été en incapacité de travail durant deux mois et demi. Pas plus... Il aurait fallu mais bon, il faut bien travailler. Et là, je me suis posé une question existentielle, à savoir comment trouver une alternative, moi qui aimais tant faire du sport : de la gymnastique et de l'aquagym et je me suis tournée vers le dessin, d'abord, comme première approche, une technique à apprivoiser".

3. "Quelles démarches avez-vous effectuées pour vous lancer ?"

"Je me suis rendue aux Portes Ouvertes à l'Académie de dessin en 2002. Pendant quatre ans, j'ai suivi des cours du soir de dessin et j'ai vraiment ressenti un coup de coeur. J'y ai appris le crayon et le pastel. Je me suis consacrée à cette passion, chaque jour, après ma journée de travail. Mais au bout de quatre ans, j'ai voulu progresser. J'ai assisté à des cours d'aquarelle, le jeudi après-midi, pendant deux ans car mon horaire de travail me le permettait. Mais il y a eu un changement dans mon horaire et tout a été remis en cause. J'ai donc dû arrêter ces cours. Un peu plus tard, j'ai rencontré une amie qui se rendait dans un atelier artistique où l'on mettait à l'honneur plusieurs techniques : l'acrylique, l'huile, le dessin".

4. "Et quand avez-vous commencé à exposer ?"

"En fait, je me suis offert un très beau cadeau pour mes 50 ans. Je suis en partie en stage, en Baie de Somme avec une amie, une semaine durant. J'ai trouvé ce stage par le biais d'internet. Et là, j'ai peint des aquarelles. J'ai trouvé ce séjour magique, je suis revenue avec des couleurs plein les mirettes. J'avais rêvé de la mer, mon rêve s'est concrétisé. Et puis le bouche à oreilles fonctionne plutôt bien... Mon amie avait été approchée afin d'exposer ses oeuvres lors d'une exposition à L'Harmonie. Mais elle désirait que je fasse partie de l'aventure, aussi. Alors, j'y suis allée... !".

5. "Cette exposition a-t-elle été fructueuse ? Avez-vous senti que vous alliez peut-être être "reconnue" ?

"Fructueuse : oui. J'ai vendu beaucoup d'oeuvres lors de l'exposition. J'avais placé des tableaux sur les murs et une grande table avait été mise à ma disposition. Lors de l'expo à l'Harmonie, j'ai apprécié les commentaires des gens. Les encouragements de ceux-ci ont été précieux pour moi (j'espère juste qu'ils étaient sincères). J'ai en fait découvert un monde chaleureux, sensible, intéressé par mon savoir-faire, toute une atmosphère. Un monde très différent.

6. "Quand vous commencez une oeuvre, allez-vous jusqu'au bout de sa création le jour même ?"

"Uniquement pour l'aquarelle car il s'agit d'eau; le pastel, on peut le retravailler, effacer, recommencer... Je désire aussi apprendre la photographie pour retranscrire pleinement les émotions qui m'assaillent afin d'affiner mes créations. J'ai besoin de contacts humains. Les techniques que je porte à terme m'apportent beaucoup de quiétude."

7. "Mais où puisez-vous votre inspiration ?"

"Je me suis inspirée d'une photo que j'ai prise lors d'une balade le long d'un lac mais encore de photos de magazine ou contemplées sur le net".

8. "Comment vous définiriez-vous en quelques mots par rapport au message que vous désirez faire passer ?"

"Il n'y a pas de message à faire passer, à proprement parler. Je me mets au service des autres pour partager ma passion, pour aller vers les gens, discuter, échanger; la prolongation de mon travail se lit dans les yeux de ceux qui n'y sont pas indifférents. C'est toute une approche, un jeu de séduction (artistique), en somme".

9. "Pensez-vous un jour vivre de votre Art ou cela restera-t-il un "loisir" ?"

"Je ne désire pas vivre de mes réalisations. Je préfère de loin entretenir le feu de ma passion. Ces instants fragiles sont nés de déclics en moi, un ressenti, une sensibilité qui s'exprime à un moment donné. J'aime créer comme je respire et sans air, sans oxygène, on étouffe, on ne survit pas".

10. "Combien vous rapporte une oeuvre que vous vendez lors d'une exposition ?"

"Déterminer le prix de ma création est problématique, en ce qui me concerne. L'année passée je vendais trop bon marché (quelques exposants m'ont fait des remarques concernant cet aspect des choses). J'ai donc augmenté mes prix. Mais lors de ma première exposition à l'Harmonie je ne voulais pas vendre mes aquarelles, elles étaient mes bébés .... Mais j'aime savoir où vont les réalisations, c'est important. Si quelqu'un a un coup de cœur et pas les moyens financiers pour l'acquérir, je suis d'accord de lui offrir pour lui faire plaisir, au gré de la sensibilité qui l'anime."

Titine a exposé, comme bien d'autres, en anonyme, dans une salle où malheureusement il y a bien peu de passage alors qu'elle consacre toute son énergie et son temps libre à ses créations artistiques. Personnellement j'admire et en même temps, je me pose des questions.

Alors que nous sommes des milliers à arpenter les allées de musées éparpillés à travers le monde, savons-nous encore nous émerveiller de ce que notre ami, notre voisin, notre collègue, peuvent nous montrer ?

Il faut savoir que si l'artiste ne paie pas son emplacement afin d'y exposer ses tableaux, il laisse une oeuvre à la salle, il convie des amis, la famille... et tout ça pour recueillir un peu de reconnaissance. Enfin, c'est mon sentiment.

Je te remercie, Titine, pour m'avoir fait partager la poésie de tes connaissances et ce petit grain de sagesse semé de délicatesse intense. Ce fût une expérience très enrichissante et chaleureuse. Surtout, ne perdons pas le fil qui nous a conduites l'une vers l'autre et nous réunit 💙

Ci-dessous, une oeuvre de Martine Demonty.